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LA DOMINATION

dré, et elle souriait de penser qu’en lui disant adieu elle pourrait serrer plus fortement la main du jeune homme, ce qu’elle n’avait jamais fait, car tous deux étaient timides.

André parlait, il parlait de l’Orient, de Constantinople ; et Élisabeth regardait les lèvres et les dents, le sourire charmant, attirant, luisant ; elle trouvait émouvant que ce sourire, étant si délicieux, durât ainsi, qu’il fût en même temps un moment rapide de l’être et sa structure même. Elle s’amusait de ce qu’André lui plût tant.

Elle était assise en face de lui et leurs regards s’avançaient.

Que se disaient-ils ? Rien, ils se voyaient pour la première fois…

Puis elle entendit la voix d’Antoine dans l’escalier, il montait, il allait venir, il allait entrer, il n’y avait plus qu’une minute pour elle…

Alors, avec la force directe du regard qui