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LA DOMINATION

était-ce une vie digne de moi ? Je me voyais contraint de sourire à chaque parole de mon hôte et d’être de son avis ; si je me hasardais un instant à ne pas l’être, c’était pour mieux lui rendre les armes… Les deux gendres, qui ne font pas de littérature, me considéraient comme quelqu’un venu pour bien manger, et ne cessaient d’attirer mon attention sur les mets.

» Les hommes de roman et de théâtre que je ne flattais point me regardaient comme un débutant naïf lequel cherche à se passer d’eux, mais ne saurait aller loin sans leur secours. Les deux filles mariées, apparemment de prudentes ménagères, faisaient sans doute entre elles le calcul de ce que coûterait à la famille mon séjour qui se prolongeait, et, enfin, l’aimable Corinne me voit sans en être intriguée ni troublée… »

Antoine Arnault prit la résolution de quitter la demeure illustre où il vivait depuis