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LA DOMINATION

mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future… »

Corinne l’écoutait. Elle avait un regard qui absorbait toutes les paroles du jeune homme et ne choisissait pas.

Antoine Arnault se sentit troublé par un visage si immobile et si docile, et pourtant, lorsqu’elle voulut une seconde fois se retirer, il la retint encore, et, lui montrant la fenêtre ouverte :

— Voyez, lui dit-il, comme la nuit est charmante…

Ils s’approchèrent ensemble de la fenêtre. Antoine Arnault, en contemplant l’espace étoilé, auprès de cette âme pensive, ressentait surtout la nostalgie de tous ces petits mondes brillants où il ne pénétrerait pas et ne deviendrait pas célèbre.

La jeune fille, silencieuse, dirigeait ses