Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
LA DOMINATION

Et Antoine Arnault, que le sérieux frivole de ce jeune être amusait, se pliait sans difficulté à sa légère autorité, à toute sa gracieuse tempête.

Dans les restaurants retirés où il l’emmenait le soir, et tandis qu’il observait la douce harmonie de son visage, de sa robe, de ses colliers, il riait de l’entendre raconter sa vie, avec une voix ardente et emportée, où l’on ne distinguait point si elle essayait d’établir la dignité de son existence solitaire ou l’évidence de ses tendres succès.

Cette nerveuse créole avait dans le cercle de ses relations une place favorisée ; on attribuait au climat de son île natale ses plaisants emportements, et on lui tenait compte d’un deuil conjugal qu’avec une facilité d’émotions multiples elle déplorait encore sincèrement.

Antoine Arnault s’amusait de voir le sang animal et sauvage affleurer sans cesse à cette