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LA DOMINATION

collier d’or rond et des mains qui paraissaient brûler. Ah ! mon amie, ajoutait-il, comme je vous aimerai dans un an, quand, auprès d’une autre jeune femme, je regretterai sans doute ce moment-ci et ma jeunesse antérieure…

La jeune femme, ainsi attristée obscurément, cherchait dans son sac de soie un petit miroir, contemplait son visage, la richesse de son cou doré, assurait ses bracelets à son poignet, essayait de se sentir, contre ce vent de destruction, belle et doucement armée.

Et Antoine la ramenait chez elle, montait avec elle dans sa douce et chaude maison feutrée, et, sur un lit près duquel mouraient des roses, la pressait contre lui avec des larmes de solitude, froissait et frappait cette âme, comme si elle eût été la petite porte d’or du royaume du monde, où il lui fallait entrer…