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LA DOMINATION

trouver un matin dans le salon de l’hôtel, coquette et gaie, qui causait avec un ami retrouvé, un jeune Anglais qu’elle avait connu à Paris, qui la regardait avec des yeux éblouis. « Enfin, pensa-t-il, qu’un autre porte le poids de ses aimables conversations ! »

Au bout de deux jours, il fut jaloux. Sans tendresse pour cette femme, sans violent désir, il la voulait voir isolée, triste et faible dans cet hôtel, misérable comme son cœur à lui, son cœur ennuyé.

Qu’elle regardât avec bienveillance le jeune Anglais, c’était dire à Antoine : « La gentillesse de ce jeune homme, sa courtoisie, son vif intérêt me plaisent davantage que votre hostilité, votre humeur glacée, votre insolence, votre inconstance », et cela, Antoine ne pouvait l’admettre.

Il surprit la jeune femme un soir que, toute sérieuse et tout échauffée, elle expli-