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LA DOMINATION

Il pensa d’abord éviter cet embarras, cette fête importune. Mais, tout au contraire, il se dirigea vers la maison d’un de ses amis, avenue du Bois de Boulogne, et s’établit au balcon. La large avenue ne donnait plus le sentiment du dehors et du plein air, tant elle était nette, rangée : long tapis spacieux, silencieux, désert, bordé d’une double haie de cavaliers, cerné par la foule respectueuse. On attendait le passage du souverain.

Un coup de canon, la musique tumultueuse, et l’on vit avancer — petit point noir et solitaire dans cette avenue qu’encombre d’habitude le va-et-vient national, — la voiture officielle.

Comprimée par les soldats à cheval, la foule curieuse débordait pourtant, et des cris tendres, un long salut, une clameur uniforme et douce enlaçait ce roi en costume éclatant, accueillait cette divinité. Indifférent et appliqué, plus haut que tout ce