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LA DOMINATION

leurs, plus timide qu’une fille de douze ans, restait dans cette humilité qui précède ou suit le droit à l’amour. Mais, d’un doux regard brisé, elle étreignait encore cet enfant léger, qui lui semblait si plaisant, si tentant, si savoureux, qu’elle se tenait un peu en arrière pour ne point tomber sur lui en tournoyant, comme la grive lasse dans le champ de blé.

Il ne savait que lui dire. Il essayait d’expliquer que l’affection, la profonde entente sont immortelles, mais il sentait bien que le passé et l’amour de cette femme étaient un vêtement devenu trop étroit, qu’il ne remettrait pas. Ils se séparèrent, ne s’étant pas fait de bien.

Un matin, Antoine Arnault vit que Paris, tout orné de drapeaux aux couleurs de deux nations, s’emplissait de bruit, d’allégresse, de décorations, s’échauffait sous le froid d’une journée de novembre. Il se souvint que son pays recevait ce jour-là un hôte royal.