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LA DOMINATION

Il connut la tristesse de regarder et d’écouter les hommes ; de regarder sa vie et de se dire : « C’est ma jeunesse, et elle passe ainsi ».

Le succès des livres qu’il écrivit, qui le rendirent célèbre et cher à tous les jeunes gens haussait son exigence et le jetait dans de nouveaux mécontentements. La vue de la nature lui rendait répugnantes ses besognes électorales. À l’ombre d’un tilleul, et dans le silence de la prairie, il méprisait les figures humaines, l’activité bruyante et hargneuse, les revendications du besoin populaire.

« Comme je goûte l’été et les routes ! pensait-il, je les aime comme les peut aimer à cinq heures du matin la mûre bleue, quand elle s’éveille entre des feuilles, des gouttes d’eau, l’herbe fraîche, un bruit de source, un cri d’oiseau, et le bonheur du mois de juin !… »