Page:Noailles - Le Cœur innombrable, 1901.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
LES NYMPHES


Elles m’emmèneront vers l’Hellade sonore
Par le pré plein d’ajoncs, de rosée et de thym.
Leurs robes de safran seront comme l’aurore
Qui se traîne et qui luit sur l’herbe des jardins :

Dans les chemins étroits, que des ruches de paille
Emplissent du parfum de la cire et du miel,
Elles s’approcheront du potier qui travaille
Pour goûter avec lui aux mets habituels.

Lorsque le vent du soir fera plier les saules
Et rentrer les troupeaux aux portes des maisons.
Nous presserons nos mains et joindrons nos épaules
Comme font pour danser les Jours et les Saisons…

— Elles me conteront le rustique mystère
Des noces de la lune avec le beau berger,
La jeunesse du temps à l’aube de la terre,
L’ivresse du vin grec et de l’amour léger.