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bittô


Les branches des sureaux et des figuiers mûris
S’emplissent du remous des abeilles fidèles…
Comme le jour est gai, comme la plaine rit !
Les prés chauds et roussis crépitent d’un bruit d’ailes.

Voici qu’on voit venir, le soleil sur les yeux.
La petite Bittô, la danseuse aux crotales ;
La blancheur du chemin plaît à ses pieds joyeux
Que la poussière brûle au travers des sandales.

Son voile est de lin vert comme un nouveau raisin,
Sa robe est attachée à son épaule frêle,
La beauté du matin enorgueillit son sein
Et son cœur est content comme une sauterelle.

Ses boîtes de parfums et son petit miroir
Font un bruit de cailloux au fond de sa corbeille ;
Elle danse en marchant et s’amuse de voir,
Des bords de chaque fleur, s’envoler des abeilles,