Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/136

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lette a éprouvé aujourd’hui de la tendresse pour moi, et je ne sais pourquoi elle s’est mise à me faire des confidences.

Elle parlait devant elle avec de la rancune, mais le fond de son cœur est tout résigné. Elle avait besoin d’expansion et de parler, voilà. Alors, je sais l’aventure de sa vie et pourquoi elle est venue ici. Elle m’a raconté cette histoire en se promenant près de moi sous les arcades blanches. On n’entendait que le bruit de nos pas, le balancement de nos longs rosaires et la voix de la sœur Colette, de la sœur Colette jeune et laide, toute rose, toute échauffée, qui sentait bien qu’elle goûtait là un des seuls moments importants de sa vie, puisqu’elle parlait d’elle et qu’on l’écoutait.