Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/182

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est aussi la poésie infinie ô mon Dieu ! ne suis-je pas la plus intéressante de vos créatures ?… »

Elle ne pouvait pas comprendre ce que j’avais. Elle me pressait contre elle avec tranquillité comme si cette étreinte forte et douce était assurée de sécher toute ma peine.

Et j’ai eu pitié de nous, pitié de ce moment de confiance et de paix, j’ai soupiré :

— Je n’avais rien à vous dire, je voulais seulement vous voir, savez-vous combien je vous aime ?

Et elle a souri ; alors j’ai senti que je n’avais plus de courage pour la tromper encore, j’ai senti confusément que celui qui sait, qui a un secret, un mystère, fût-ce un crime, est toujours plus fort