Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
LES ILES BIENHEUREUSES

 
Souvenir des aïeux partis d’Angers, de Tours
Avec monsieur de Bougainville,
Et dont les doux objets, les songes, les amours,
Dorment là leur somme tranquille.

– Je pense au soir limpide et chaud, au soir d’argent
Où vint dans l’ile de Manille
La nouvelle soudain courant, se propageant,
De la prise de la Bastille.

Oh ! plaisir d’avoir pu, dans le matin si bon,
Dépeindre sur son écritoire
Les jardins de Madère ou de l’île Bourbon
A l’époque du Directoire !

Avoir pu rencontrer, enfant brune à l’œil vif,
Joséphine qui joue et danse,
Ou bien l’adolescent romanesque et pensif
Qui rêvait à la reine Hortense.

Iles, beaux paradis, instants de bonheur bleu
Luisant sur les mers onduleuses,
Je suspens mes désirs à vos flancs nébuleux
Petites îles bienheureuses…