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C’EST L’ORIENT DANS MA PROVINCE


La douce eau contre le rivage
Se caresse nonchalamment,
Comme une amante sans courage
Qui désespère son amant.

Les vibrantes, rouges tomates
Ont de délicats flancs pelés
Où de leur bouche et de leurs pattes
Les frelons demeurent collés.

Et les rosiers dans le parterre
Font avec ces frelons vermeils
Un chant qui ne voudra se taire
Qu’après le coucher du soleil…

— Ah ! petite et chaude Savoie,
Jardin de claire volupté,
Toute mon âme vous envoie
Son mortel amour de l’été !