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Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/338

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DÉLIRE D’UN SOIR D’ÉTÉ


Azur, ports du Levant, golfes, jonques errantes,
Parfum dans l’air blotti,
Animales amours, pagodes odorantes
Des livres de Loti !

Que d’élan, que d’ardeur, de suave indolence,
D’audaces sans remords,
Que de désir enfin vers le plaisir immense
Qui ressemble à la mort !

Hélas ! Tous ces souhaits sont restés dans mon âme.
– Mon cœur, quand vous verriez
Les plus luisants oiseaux éblouir de leur flamme
L’ombre des camphriers,

Quand vous pourriez goûter la mangue verte ou jaune
Dont le lait est brillant,
Et respirer l’odeur de santal et de faune
De l’Extrême-Orient,

Quand vous pourriez pleurer jusqu’à la sombre rage,
Et voir des autres cœurs
Partager avec vous le sublime courage
De vos grandes langueurs,

Quand vous seriez semblable au temple qu’on adore,
Quand votre sort serait
Joyeux comme un enfant qui regarde l’aurore
Du haut d’un minaret,