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PARFUMS DANS L’OMBRE.


Par ce soir fin, traînant et plat,
De la tristesse pleut des branches,
On respire, dans l’air qui penche,
Une odeur de secret lilas.

Ce lilas, derrière les grilles
D’un petit jardin triste et doux,
Donne un parfum plus fort, plus fou
Que ne font toutes les vanilles.

– Lilas qui passerez bientôt,
Votre cœur, plus qu’aucun cœur d’homme,
Vaut qu’on le révère et le nomme
Pour son délire et son fardeau.

Arbre dont le sang se consume
D’amour pour l’air des belles nuits,
Amant plein de divins ennuis
Couché sur l’insensible brume,