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PŒME DE L’AZUR


Le jour d’été suffoque, étouffe, perd haleine
Sous l’implacable ciel de blanche porcelaine.
Tout brûle, consumé d’un voile de safran,
Et rêve à quelque acide, invisible torrent…
Les souffles, les élans, les chants, les rumeurs cessent.
Entre les arbres, dont les verts sommets le pressent,
Le ciel est blanc ainsi qu’une rue à Tunis.
Le parfum des œillets, du benjoin et des lis
Fait autour des jardins de flottantes tonnelles.
Le jour luit comme un char que traînent cent mille ailes !
La douce, palpitante et plaintive chaleur
À soif comme un sillon, comme un gosier de fleur,
Comme un enfant qui court dans un jardin d’Espagne.
Ô sécheresse ardente enflammant la campagne
L’air est vide, la vie est retirée au loin
Dans la fraîcheur des bois, de la vigne, du foin,
Prés de la source où l’air s’ébat et semble humide.
– Mais, moi, ô Sécheresse, ô ma jaune Numide,