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LE CRI DES HIRONDELLES


Hirondelles mélancoliques,
Qui sillonnez l’azur où luit
La pure étoile spasmodique,
Muet balbutiement des nuits,

Pourquoi vos longs vols en détresse
Percent-ils le cœur, harcelé
Du besoin d’être consolé
De la beauté, de la tendresse,

Consolé même de l’amour.
De sa paix distraite ou pensive,
Quand l’amour n’a pas chaque jour
Ses saintes fureurs excessives ?

— Que sais-je de plus fou que vous.
Oiseaux dont les cris tourbillonnent ?
Peut-être la nuée où tonne
Le romanesque orage d’août,

Peut-être, dans les soirs trop tendres,
Le flot d’odeurs glissant des bois,
Peut-être le trouble d’attendre.
Secrètement, l’on ne sait quoi…