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LA NAISSANCE DU PRINTEMPS


Ce qu’on n’accepte point jamais ne nous menace :
L’ardent esprit impose au sort ;
La jeunesse est l’archange enflammé, qui terrasse
L’ennui, l’évidence, la mort…

Mais les jours sont venus, ont passé ! Comment dire
Notre affreuse déception !
Seul, le silence peut prendre ce noir délire
Sous sa grande protection.

Quelle voix suffirait ! La muse Polymnie,
Les lèvres jointes, les yeux clos,
Convertissait le chant, la clameur infinie,
En silence qui parle haut ;

Et je n’aurais jamais avoué ma détresse,
Ô mol printemps pernicieux,
Si vous n’aviez pas fait se rouvrir ma jeunesse
Sous l’ample pression des cieux !