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MÉLODIE MATINALE



L’aubépine avançait une aile de feuillage,
Mousseuse dans l’azur ; je contemplais le jour ;
On entendait au loin respirer les villages ;
La nature croissait, hésitante d’amour ;
Avec précaution sa verdoyante grâce
Semblait timidement s’emparer de l’espace.
Dans ce calme accompli, sans crainte et sans souhait,
Une paix enfantine et muette régnait,
Et l’univers semblait englué de paresse,
Lorsque excessif et brusque un faible oiseau chanta !
Mon plaisir qui rêvait aussitôt éclata.
— Ô beauté de la voix, ô flèche d’allégresse !
Ni le ciel allongeant ses laiteuses caresses
Dans le furtif labeur des heureuses forêts.
Ni les parfums jetant leurs jubilants secrets