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CALME SOIR



Six heures du soir en été,
Paix, silence, immobilité.
Des écharpes de soleil dorment
Dans l’herbe épaisse, sous les ormes.
Le temps est dans l’ombre arrêté :
C’est un moment d’éternité.
Un magnolier que le soir creuse
Donne son odeur somptueuse.
Les jardins ont, tout engourdis,
La fixité du paradis.
— Ô calmes cieux, tièdes pelouses.
Mon fiévreux esprit vous jalouse ;
Repliement de l’air et des prés,
Laissez-moi ne rien désirer ;
Que je sois, comme vous, unie.
Longue, stable, sage, aplanie,