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CERTES, VOUS FÎTES BIEN…


Certes, vous fîtes bien, implacable Nature,
D’envoyer à ce corps qui ne cédait jamais,
L’essence délicate et rare des tortures,
Afin que l’univers exultant que j’aimais
D’un monstrueux amour, idolâtre et servile,
N’eût plus sur mon esprit son effrayant pouvoir,
— Plus oppressant que n’est la mer autour d’une île —
Et que je sois, à l’heure où commence mon soir,
Comme ces pèlerins étonnés et tranquilles,
Qui ne s’arrêtent pas en traversant les villes,
Et semblent, dans leur vague et décisif ennui,
Fuir le destin fidèle et secret qui leur nuit…