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OFFRANDE DU BATELIER


Déesse, j’ai construit, de mes adroites mains,
Des navires, avec les arbres des chemins ;
Les hêtres de Naxos, les cyprès de Tarente
Rendaient la nef légère et la rame odorante.

Mon travail, chaque jour, fut sincère et joyeux ;
Sur le sol de Sicile, où je possède une anse,
J’ai vu, tel un berger que son troupeau devance,
Mes barques aux bonds vifs paître un flot écumeux.

Je fus jeune, j’aimai ; Déesse, j’aime encore,
Quand la divine nuit vient intriguer l’esprit,
Je repose mon front, anxieux et surpris,
Dans le col d’une enfant plus tiède que l’aurore.