Que me seront alors tes caresses passées ?
Il faut à mon esprit un appui incessant ;
Les plaisirs fugitifs et les choses cessées
Flottent comme des morts dans le fleuve du sang !
J’aimerais de mourir. La mort me serait bonne
Sur ton cœur sombre, avant que ne souffle l’automne.
Te souviens-tu du chant sublime de Tristan
Près d’Iseult ? Ils sont seuls, la nuit, sous le feuillage ;
Nul ne les voit. Iseult, pure et brûlante, attend
Qu’éclate sur son front le turbulent orage
Du bonheur désiré. Mais, Tristan, grave alors,
D’un soupir plus plaintif que n’est le son du cor,
Et détournant ses yeux de sa noble conquête,
Déclame : « Je voudrais mourir ! »
Baissant la tête,
Soupesant, semble-t-il, tout le poids du plaisir.
Épouvanté, songeur, calme, il voudrait mourir !
— Mon amour, cette paix goûtons-la côte à côte,
Sereinement, avant que le destin nous ôte
Des bras, du cœur puissant, de la bouche qui mord,
La passion, le seul acte contre la mort !