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AUX SOLDATS DE 1917



Les vers que l’on écrit en songeant aux batailles
Tremblent de se sentir hardis.
Que peut le faible chant dont mon âme tressaille,
Puisque les soldats ont tout dit ?

Puisqu’ils ont ajouté, ces dompteurs infaillibles
Du danger, de l’ennui, du temps,
À leurs actes brûlants, à leur âme visible,
Des cris stoïques ou contents !

Puisqu’ils ont simplement, et comme l’on respire,
Connu le sublime et l’affreux,
Quelle voix au lointain oserait les traduire ?
L’on n’est rien si l’on n’est pas eux.