Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’EST APRÈS LES MOMENTS…


C’est après les moments les plus bouleversés
De l’étroite union acharnée et barbare,
Que, gisant côte à côte, et le front renversé,
Je ressens ce qui nous sépare !

Tous deux nous nous taisons, ne sachant pas comment,
Après cette fureur souhaitée et suprême,
Chacun de nous a pu, soudain et simplement,
Hélas ! redevenir soi-même.

Vous êtes près de moi, je ne reconnais pas
Vos yeux qui me semblaient brûler sous mes paupières ;
Comme un faible animal gorgé de son repas,
Comme un mort sculpté sur sa pierre