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AUX SOLDATS DE 1917


Hélas ! Ils font la guerre inique avec leurs ailes,
Ces anges aux yeux sérieux !
Quand leur âme voit tout s’ébranler autour d’elle,
Ils ont la sûreté des cieux !

Mais nous ne savons pas, nul ne saura, leur mère
Elle-même ne saura point
Parfois quelle tristesse, hélas ! quelle eau amère
Vient noyer leur cœur ferme et joint.

Jamais nous ne saurons ce que vraiment ils pensent,
Tout seuls, chacun seul avec soi,
Quand ils goûtent, chacun tout seul, dans le silence.
Ce qui peine et ce qui déçoit !

— C’est à votre secret, que vos cœurs nous refusent,
À ces grands cris que vous taisez,
Que j’adresse aujourd’hui, maladroite et confuse.
Cet humble hommage malaisé.

Laissez que le poète, empli de sa faiblesse.
Et qui n’est rien, n’étant pas vous,
Vous dise : Je m’unis à tout ce qui vous blesse.
Je fais le guet à vos genoux.