Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CEUX QUE LA JOIE ENIVRE…


Ceux que la joie enivre à l’infini sont ceux
Que la douleur étreint dans la même mesuçe :
Inconsolables cœurs, heureux ou malheureux,
Ils portent une austère ou brillante blessure.
L’amour, le philtre unique aux humains proposé,
S’efforce d’empêcher ces âmes turbulentes
De rechercher encore, au delà des baisers,
L’océan de l’espace et l’ile de l’attente
Où, large oiseau tremblant, l’espoir vient se poser…

— Nous qui connaissons bien ces grands cœurs frénétiques
Où l’univers se meut sans heurter leurs parois.
Nous savons que l’amour est un refuge étroit :
Alentour, les climats, les parfums, les musiques
S’effacent, assoupis par le fort narcotique
Du sensuel bonheur et du subit effroi…

— Tous les plaisirs épars que jamais on n’assemble,
Les beaux ciels du voyage, enduits de volupté,