Je ne vous dirai point de trompeuses paroles,
La guerre est pour tout être un fléau révoltant,
La Pitié, cheminant quand les Victoires volent,
Pleure sur tous les combattants.
Parfois, lorsque, parmi de longues agonies, ,
La lune au clair visage aplanissait les cieux,
Mon cœur se reliait à la nue infinie :
L’homme a sa grandeur par les yeux.
Je contemplais l’espace où tout fermente et veille,
Où l’esprit se mélange à l’éternel Destin,
Et j’entendais ce bruit de pensantes abeilles
Que font les astres clandestins !
Vainqueur, mon front guerrier fut couronné de lierre,
J’ai passé fier mais doux au milieu des vaincus,
Mon orgueil réjoui absorbait la lumière,
Et cependant je n’ai vécu
Que depuis le moment où, soumis, ô Nature
À ton unique vœu solennel et secret,
Je presse contre moi l’humaine créature
Qui m’est soleil, onde et forêt !