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les soirs du monde


Soir romain, aride malaise,
Et ce cri d’un oiseau perdu
Au-dessus du palais Farnèse,
Dans le ciel si sec, si tendu !

Soir bleu de Palerme embaumée,
Où les parfums épais, fumants,
S’ajoutent à la nuit pâmée
Comme un plus fougueux élément !

Sur la vague tyrrhénienne
Dans une vapeur indigo,
Un voilier fend l’onde païenne
Et dit : « Je suis la nef Argo ! »

Par des ruisseaux couleur de jade,
Dans des senteurs de mimosa,
La fontaine arabe s’évade,
Au palais roux de la Ziza.

Dans le chaud bassin du Musée,
Les verts papyrus, s’effilant,
Suspendent leur fraîche fusée
À l’azur sourd et pantelant :