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agrigente

Îles qui sur Vénus semblent s’être fermées,
Où l’air est affligeant comme un mortel soupir,
Ah ! pourquoi donnez-vous, douceurs inanimées,
Le sens de l’éternel au corps qui doit mourir !



Ah ! dans les bleus étés, quand les vagues entre elles
Ont le charmant frisson du cou des tourterelles,
Quand l’Isola Bella, comme une verte tour,
Semble Vénus nouant des myrtes à l’Amour,
Quand le rêve, entraîné au bercement de l’onde,
Semble glisser, couler vers le plaisir du monde,
Quand le soir étendu sur ces miroirs gisants
Est une joue ardente où s’exalte le sang,
J’ai cherché en quel lieu le désir se repose…
— Douces îles, pâmant sur des miroirs d’eau rose,
Vous déchirez le cœur que l’extase engourdit.
Pourquoi suis-je enfermée en un tel paradis !



Ah ! que lassée enfin de toute jouissance,
Dans ces jardins meurtris, dans ces tombeaux d’essence,
Je m’endorme, momie aux membres épuisés !
Que cet embaumement soit un dernier baiser,