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UN SOIR À VÉRONE


Le soir baigne d’argent les places de Vérone ;
Les cieux roses et ronds, rayés d’ifs, de cyprès,
Font à la ville une couronne
De tristes et verts minarets.

Sur les ors languissants du palais du Concile,
On voit luire, ondoyer un manteau duveté :
Les pigeons amoureux, dociles,
Frémissent là de volupté.

L’Adige, entre les murs de brique qu’il reflète,
Roule son rouge flot, large, brusque, puissant.
Dans la ville de Juliette
Un fleuve a la couleur du sang !