Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Des coqs, chantant dans le lointain,
Soupirent comme des colombes,
Sous la chaleur qui les surplombe.
Le soir semble un brumeux matin.

Douceur du soir ! le hameau fume,
La rue est vive comme un quai
Où le poisson est débarqué ;
Un pigeon flotte, blanche écume.

Vois, il n’y a pas que l’amour
Sur la profonde et douce terre ;
Sache aimer cet autre mystère :
L’effort, le travail, le labour ;

Des corps, que la vie exténue,
S’en viennent sur les pavés bleus ;
Les bras, les visages caleux
Sont emplis de joie ingénue.

Un homme tient un arrosoir ;
Ce plumage d’eau se balance
Sur les choux qui, dans le silence,
Goûtent aussi la paix du soir.