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TEL L’ARBRE DE CORAIL…


Tel l’arbre de corail dans les mers pacifiques,
Le rose crépuscule, en l’azur transparent
Jette un feu vaporeux, et mes regards errants
Boivent ce vin rêveur des soirs mélancoliques !

Un oiseau printanier, comme un fifre enchanté
Gaspille de gais cris, acides, brefs, suaves.
L’univers vit en lui, son ardeur sans entrave
Hèle, et semble attirer le vaisseau de l’été !

— Qui veux-tu fasciner, oiseau de douce augure ?
Les morts restent des morts, et les vivants sont las
D’avoir tant de fois vu, sur de froides figures,
Le destin qui les guette et qui les accabla !

Je sens bien que le ciel est tiède ; l’étendue
Balance sur son lac la promesse et l’espoir.
Une étoile, incitant l’hirondelle éperdue,
Fait briller son céleste et liquide abreuvoir.