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t’aimer. et quand le jour timide…

Au doux vol hésitant de ta jeune caresse
Qui semble un chaud frelon par des fleurs retenu !
— Et puis te voir enfin venir entre les palmes,
Innocent, assuré, sans crainte, les yeux calmes,
Vers mes bras enivrés où le destin fatal
Te pliera durement et te fera du mal ;
Alors saisir tes mains, comme la brusque chèvre
Mord la fleur de cassie et rompt le myrte étroit ;
Et, les yeux clos, avoir, pour la première fois,
Bu l’humide tiédeur qui dort entre tes lèvres…
— Ô cher pâtre, inquiet et désormais terni.
J’ai vécu pour cela, qui est déjà fini !