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Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/112

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Villages traversés, secrète humidité
Des vallons où le frais silence est abrité !
Calme lampe aux carreaux d’une humble hôtellerie,
Bruit pressé des torrents, travaux des bûcherons,
Vieux hêtres abattus dont les écorces font
Flotter un parfum d’eau et de menuiserie,
Quoi ! j’avais délaissé vos poignantes douceurs ?
Retirée en un grave et mystique labeur,
Le regard détourné, l’âme puissante et rude,
Je montais vers ma paix et vers ma solitude !

Nature, accordez-moi le plus d’amour humain,
Le plus de ses clartés, le plus de ses ténèbres,
Et la grâce d’errer sur les communs chemins,
Loin de toute grandeur isolée et funèbre ;

Accordez-moi de vivre encor chez les vivants,
D’entendre les moulins, le bruit de la scierie,
Le rire des pays égayés par le vent,
Et de tout recevoir avec un cœur qui prie,

Un cœur toujours empli, toujours communicant,
Qui ne veut que sa part de la tâche des autres,
Et qui ne rêve pas à l’écart, évoquant
L’auréole orgueilleuse et triste des apôtres !

Que tout me soit amour, douceur, humanité :
La vigne, le village et les feux de septembre,