Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/122

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Que de jours ont passé sur ce qui fut mon cœur,
Sur l’enfant que j’étais, sur cette adolescente
Qui, fière comme l’onde et comme elle puissante,
Luttait par son amour contre tout ce qui meurt !
Pourtant, rien n’a pâli dans ma chaude mémoire,
Mon rêve est plus constant que le roc sur la mer ;
Mais un besoin vivant, fougueux, aride, amer,
Veut que mon cœur poursuive une éternelle histoire
Et cherche en vain la source au milieu du désert.
Et je regarde, avec une tristesse immense,
Dans le ciel glauque et lourd comme un auguste pleur,
L’étoile qui palpite ainsi que l’espérance,
Et la lune immobile au-dessus de mon cœur…