Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/184

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tile aux baisers qu’avec assurance on applique dans leurs cheveux. Mais ce que je voulais vous dire, ce n’est pas mon malheur, bien qu’il me paraisse noble et doux que par l’aveu de son excès et par son fardeau il pût vous révéler le poids plus léger du vôtre ; — ce que je veux vous dire, c’est ce que fut mon sentiment pour vous. Quelle femme l’a exprimé à celle qu’elle lésait en secret ? Laquelle a eu cette tendresse et cette audace, où tout est vérité ?

Oui, je vous ai aimée, d’une amitié parfaite ; rien ne la pouvait troubler, je n’étais pas jalouse de vous. Votre personne charmante m’émouvait par tous ses détails de grâce, et parfois de beauté, que, dans la sincérité de son âme, un homme que j’aimais dédaignait. J’ai eu pour vous cette affection plénière d’une femme qui n’en craint point une autre.

Que des femmes aient combattu l’épouse, aient voulu lui nuire, l’aient traitée sans égards, ne l’aient pas choyée, respectée, voilà qui est fréquent, me dit-on, mais pour moi incroyable.

Comment n’être pas reconnaissante à celle qui limite notre jalousie ; qui nous garde de l’inconnue redoutable ; qui veille à notre place sur l’égarement et la diversité du désir, et qui, en nous permettant de la contempler en la simplicité de sa vie sans éclat, nous offre le spectacle d’une