Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/220

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imposait, je lui répondis, comme c’était exact, que j’avais visité la semaine précédente cette étrange ville aux larges chaussées, aux palais espagnols, couchée entre la lave, la verte montagne et la mer, - du bleu profond des golfes.

Elle m’avait frappée en effet, cette belle ville délaissée, blanche, sale, torride, somptueuse inutilement, et qui se décompose sous le soleil comme une litière de tubéreuses écrasées. L’odeur de goudron d’un petit port, où un beau navire solitaire tournait vers le couchant son fier mât de beaupré qui semblait en prière, se mêlait à un parfum fade et cuisant celui de la pâte des blonds macaronis que l’on fabrique dans ces contrées, et dont les larges nappes farineuses sèchent en plein air, comme une lessive d’or, sur des baguettes tendues pour les recevoir.

L’abbé de T*** poursuivit : - Dans les environs de cette ville venait loger en été, et jusqu’en novembre, une famille illustre de la Lombardie, dont les ascendants, depuis un siècle déjà, avaient quitté Milan et les jardins du lac de Côme ; pour s’établir soit à Rome en hiver soit, comme je vous le disais, dans leur villa de Torre-Annunziata.

J’avais connu cette famille à Rome lorsque j’y étais allé faire des études archéologiques. Elle