Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/221

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habitait le vaste étage d’un palais fameux, qu’environnent la fraîcheur et le bruissement d’une des fontaines les plus gracieuses de la cité.

La famille dont je vous entretiens se composait d’un couple de vieilles gens courtois et cérémonieux, âgés d’une soixantaine d’années, d’un fils âgé de trente-cinq ans, vigoureux et beau, ami de la musique, mais passionné davantage pour la chasse au renard, et qui avait épousé une jeune femme dont il avait un enfant. Je rencontrais ce couple à Rome environ une ou deux fois par mois, dans les réunions auxquelles je me voyais contraint d’assister, la société romaine m’ayant fait un accueil dont je devais lui savoir gré.

Bien que je ne prêtasse guère d’attention aux conversations qui concernaient des personnes si peu mêlées à mes études, j’avais surpris plusieurs fois l’assurance verbale que la jeune femme qui nous occupe avait inspiré une passion violente à un cousin de son mari, jeune Romain particulièrement en vue.

Ce sentiment intriguait la société oisive de Rome, - groupement frivole comme en contiennent toutes les grandes cités, où les combats et les déchirements du cœur donnent lieu, moins à un noble intérêt, qu’à d’indiscrets et vindicatifs paris.

L’époux et le jeune amoureux semblaient inséparables, unis par des liens de famille et par le