Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/222

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commun divertissement de la chasse. Cela seul aurait dû plaider en faveur de cette jeune femme, - quand déjà son extrême fierté morale, sa réserve, la tendresse qu’elle portait à son mari ne permettaient point de douter qu’elle fût parfaitement innocente de l’amour qu’elle inspirait sans l’éprouver. Son intelligence, sa bonté, la pitié abondante qu’elle manifestait dans toutes les occasions, indiquaient assez que cette âme se donnait, au delà de l’amour d’un homme, à cette charité universelle et indéterminée que nous appelons amour. Je n’avais jamais pu savoir si elle était d’esprit religieux, au sens strict et catholique du mot, bien que je l’eusse vue plusieurs fois assister à des cérémonies du culte, où son attitude de piété surpassait même celle de ses voisines. Mais c’était, certes, une âme religieuse, si, comme je le pense, ces mots peuvent définir la propension à tout aimer qui éclatait en elle, et qui surprit souvent l’ami des paysages et le vieil archéologue que je suis.

Elle possédait ce don de rêverie par lequel les âmes, prolongeant à l’infini leur incompatibilité avec la terre, vont à Dieu.

Je me souviens qu’un jour un petit groupe de Français, passant par Rome, fut convié, avec moi et quelques membres de la société romaine, à visiter une de ces villas renommées des environs,