Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/227

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parlait, - elle qui ne s’était point confessée depuis des années, - dans la solitude de cette pièce spacieuse et frémissante d’échos engourdis, comme dans la paix sacrée du confessionnal. Je n’eus qu’à incliner la tête pour l’assurer qu’en effet il en était ainsi, que nous étions bien, elle et moi, ces deux solitaires dont les traces, les noms et les circonstances, un instant rassemblés, seraient à jamais perdus...

(Je tiens à répéter que l'abbé de T*** s’arrêtait souvent ; je sentais bien alors que c’était pour mieux emmêler la trame superficielle d’un récit, que par ailleurs il exigeait exact. )

- Voici, poursuivit-il, ce que me confia la femme auprès de laquelle je me trouvais. Depuis plusieurs mois, son mari, sur la prière de ses parents, à l’instigation aussi de plusieurs de ses amis, son mari, dis-je, avait regardé avec hostilité d’abord, avec une irritation croissante ensuite, et bientôt une haine irréductible, l’amitié que lui portait, à elle, son cousin. Amitié passionnée de la part du jeune homme, elle le reconnaissait, elle le déplorait...

Non contents de susciter les soupçons du mari, les beaux-parents de la jeune femme s’étaient ingéniés à aggraver le dissentiment, blessés