Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quotidien, de l’habitude innocente et chère, devenue invincible. Ce jeune ami de sa famille, - puisque l’épreuve était faite désormais, par l’accoutumance, que nulle surprise passionnelle ne viendrait corrompre tant d’intimité, devait-elle accepter de ne plus le reconnaître, alors qu’il avait consenti à une fraternelle union, qui répugne si souvent à l’instinct des hommes ?

D’ailleurs, elle chercherait à le mariner.

Vraiment était-il juste qu’on lui supprimât ce compagnon ?

Plaintivement, elle ne me cacha pas que son existence, négligée par son mari, pouvait un jour la laisser sans défense devant des aventures possibles. Le sentiment sans vertige qu’elle éprouvait cette fois-ci ne s’exercerait-il pas avec trouble envers un inconnu moins digne de tant de confiance, et moins soumis ?

Les garanties que lui donnait celui-ci, elle ne les retrouverait pas chez un étranger. En rompant de si rares liens, on la laissait égarée, errante, sans appui, désignée pour le péché...

Tandis qu’elle parlait, je songeais, en effet, que le malheur endossé si âprement, si totalement, telle une tunique brûlante, dégageait je