Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/230

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Les beaux-parents avaient enflammé la colère de l’époux avec cet aveuglement et cette obstination des vieilles gens dont toute une zone de l’âme est déjà entrée dans les ténèbres. Enfin, tous trois, ils l’avaient menacée de la séparer de son enfant si elle ne se résolvait à quitter immédiatement Rome, et à se confiner dans cette campagne sans ressources, où la surveillance de son mari, plus encore de ses beaux-parents, s’opposait à ce qu’elle expédiât ou reçût aucune lettre.

Mais ce n’est point sur ces incidents engloutis, ni sur une secousse non pareille, - qui pourtant laissait à ses traits l’empreinte du martyre, - que la plaideuse s’appesantit.

D’âme alerte et forte comme la vague, si elle conservait dans le regard, comme un sceau funèbre, l’affreuse vision des événements passés, elle allait surtout vers l’avenir.

Oui, cette immobile s’élançait, si je puis dire, tant forts étaient chez elle le projet, l’action.

Ce qu’il fallait à tout prix, ce pourquoi j’étais là, elle me l’exposa et m’en fit juge avec une éloquence qui n’excluait pas la plus poignante sobriété. Elle développait l’essentiel.

Ce qu’elle voulait, ce qu’exigeait sa vie si brusquement désorientée, c’était le retour du