Page:Noailles - Les innocentes, ou La sagesse des femmes, 1923.djvu/237

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villa. Nous prîmes congé aussi sobrement que de coutume. On ne félicite pas les grands cœurs, ils n’écoutent point les éloges, et savent écarter jusqu’aux remerciements.

La compassion, la pureté, ces deux noblesses de l’être, qu’elles soient louées en cet homme sans tache ! C’est sans doute le but du renoncement, et sa divine conquête, d’acquérir le droit souverain de tout comprendre et de tout plaindre. Peut-être les prêtres et les femmes, pratiquant plus que les hommes le sacrifice, exercent-ils plus naturellement la pitié, celle-là même qui va jusqu’aux excès, et c’est là leur domaine illimité et leur mystérieux réconfort. Si quelques créatures, se dépouillant de toute vanité, éloignant toute tentation, ont, avec labeur et sans secours, gravi le chemin désert qui mène aux purs sommets de la contemplation, qu’elles soient des juges selon leur Dieu, c’est-à-dire qu’elles pardonnent, et purifient par leurs pleurs l’immensité de la détresse humaine. Cette effusion du divin a commencé avec le monde. Qu’il est beau, le cri antique venu de la Grèce à travers les âges, et que j’écoute sans cesse !