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Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/14

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des chambres où se presse un couple assouvi, ces boucles déroulées qui, après l’ouragan du plaisir, passent de l’épaule nue de l’Ève reposée au front du jeune Adam, plein de fatigue et d’âme ?

Quel sens auront, à l’avenir, pour le berger et la bergère, à lui semblable, pour les jeunes Chloés, pareilles à Daphnis, pour tout ce peuple féminin qui, de la pomme fameuse de l’Éden évanoui, ne veut conserver que la rondeur d’un crâne émondé, ces beaux contes de chevalerie où la tresse déployée brille du même éclat que l’oriflamme ?

Je songe au halètement lyrique avec lequel Michelet nous rapporte, dans un récit de sorcellerie, cet appel d’un possédé à celle qu’il conviait au Sabat : « Si tu ne peux te donner toi-même, donne-moi un seul de tes cheveux, donne-moi la moitié d’un seul de tes cheveux ! »

Mais des passions si violentes sont exilées de l’époque récente. En renonçant à l’un de ses attributs les plus vantés, la