Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/17

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rire peut dépendre de la manière dont les cheveux jaillissent du front, des tempes, qu’il est imprudent de révéler ou de voiler sans une instructive méditation.

Et quelle paix, que d’aisance, dans ce qui continue sans qu’il y faille porter secours ! Cheveux des femmes, qui prospérez et vous allongez, vous participez de tout ce qui ne demande point de surveillance, d’effort, de contention, d’examen. Liés à l’inconscient, vous vous maintenez, vous vous renouvelez et vous vous développez comme le souffle lui-même, dont l’être ne compte pas le nombre ; comme les battements du cœur normal, dont la créature n’enregistre pas le fonctionnement mystérieux.

Si l’on y songe, et sans les cheveux courts des femmes, qui captent leur sollicitude, je n’y eusse peut-être jamais songé, la grande infériorité de l’homme, son tyran, sa servitude, c’est la barbe. Elle le domine. Avec quelle sournoiserie vigilante il y pense quotidiennement, il en est le gendarme attentif, il en est le bourreau implacable ! Jardinier