Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/27

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Ce qu’elle défend instinctivement en se mêlant de la marche minutieuse ou vaste des mondes, ce sont les images qui ornent sa vie, c’est sa chambre heureuse, la salle nette et riante où jouent ses enfants, le jardin où elle rêve, le salon où elle triomphe, l’église, peut-être, où elle se rassure et s’enorgueillit. Les femmes sont, en général, attachées aux usages, satisfaites du présent étroit et confortable, dédaigneuses de l’avenir. On peut affirmer qu’un esprit féminin ardemment intéressé par le futur et qui donne son assentiment à l’inévitable modification des mœurs possède une part de l’élan créateur et de la sagesse des hommes.

Savoir constater le nécessaire, y être lié par l’instinct autant que par la raison, témoigne de ce don rapide, voyageur, courageux, naturel à l’homme plus qu’à la femme, déesse épanouie, à qui l’effort et la course ne sont point commandés pour conquérir, mais qui séduit par la seule promenade nonchalante de son regard et par ses mou-