Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/29

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malicieusement, qui, intrépides amazones, s’offrent pour tous les combats de la pensée, pour tous les travaux, tous les risques, toutes les responsabilités, nous ne pouvons nous empêcher de nous tourner avec gratitude et confiance vers ces hommes dédaignés, qui portent avec aisance et modestie le génie des nombres, l’endurance de l’explorateur, l’imagination du savant, l’habileté du négociateur, — et encore ce bon regard instruit, ces bonnes mains expertes du maçon, de l’électricien, du plombier !

— Ah ! — me dira-t-on, — madame de Noailles, vous n’êtes pas féministe ?

Et je répondrai qu’un poète n’est pas obligé de l’être tout à fait, il sait comment frémit en lui le cœur d’Apollon. Mais je puis rassurer ici les femmes qui me reprocheraient de limiter leur empire, — elles peuvent tout puisque l’homme existe. Par lui, qui prédomine, elles sauront occuper le rang souhaité, si tentant, si difficile, si haut soit-il, car tout homme, et davantage encore tout grand homme, est envahi par une femme…